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Marie-Claude Jéquier

L’art contemporain à Lausanne existe,  je l’ai rencontré: en visitant avec le Fonds des arts plastiques de la Ville une douzaine d’ateliers chaque année pendant 20 ans, j’ai été saisie par la créativité, la diversité, la passion et la ténacité dont font preuve nos artistes. Et rien ne manque pour que la scène contemporaine soit riche et vivante: une Ecole d’art de réputation internationale, l’ECAL, des galeries et lieux d’exposition qui défendent la création d’aujourd’hui, des mécènes, banques, pouvoirs publics et particuliers, qui acquièrent ou commandent des œuvres, des critiques qui signalent l’importance de cette création, des catalogues, des livres, des revues qui en assurent la diffusion et la pérennité, grâce entre autres à des imprimeurs et éditeurs de très grande qualité.  Mais ce foisonnement est peut-être moins visible sur la scène suisse que pour une ville telle que Bâle – à l’exception de la passionnante mais éphémère aventure de la Fondation Asher Edelman – et ce malgré le fait que plusieurs de nos artistes sont présents largement au-delà des frontières de leur ville. Est-ce dû à l’absence d’un lieu d’exposition consacré à l’art contemporain, une kunsthalle comme on en trouve ailleurs? Il est certain que l’exiguïté du Musée cantonal des Beaux-arts ne lui permet qu’occasionnellement de présenter l’art en train de se faire. Espérons que le futur «pôle muséal» remplira ce manque! Créer est une chose, trouver son public en est une autre.

Heureusement les lieux ne manquent pas qui aident les artistes à faire connaître leur travail:

tout d’abord la Galerie Alice Pauli qui depuis de nombreuses années présente ce qui se fait de plus intéressant dans l’art d’aujourd’hui et dont la présence régulière à Art Basel fait honneur à Lausanne. Mentionnons également la Galerie Lucy Mackintosh, Synopsis m, ESF, ainsi que le Hall du Chuv et les espaces publics, extérieurs ou muséaux, qu’investit régulièrement Visarte. Lieux auxquels on peut ajouter des espaces plus «pointus» tels que l’Elac, Circuit, Doll, abstract… Le Mudac présente les créations les plus actuelles dans le domaine du design, du graphisme, de la sculpture de verre et le Musée de l’Elysée donne leur chance aussi bien aux photographes confirmés d’ici et d’ailleurs qu’aux jeunes talents. Pouvoirs publics et ateliers d’architecture sont aussi à l’origine de nombreux concours en vue d’intégrer l’art à l’architecture et à l’espace public, dont l’exemple le plus réussi me paraît être «Eole», œuvre de Clelia Bettua dans le port d’Ouchy.

Enfin de nombreux groupements et associations se montrent extrêmement actifs: l’Association Vie-art-cité,  pour ne citer qu’elle, vient de lancer une revue passionnante: «Oblique».