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Pierre Starobinski

Ah, Lausanne éperdument! Je ne m’identifie pas à un lieu particulier, je suis attentif à la création et au monde partout où le monde m’interpelle et ouvre mon horizon sensible.

Près de chez moi, ce sont les ateliers d’artistes qui m’émeuvent le plus, celui d’Alain Huck, de Jean Scheurer, de Catherine Bolle, d’Olivier Estoppey ou de Zaric par exemple. Je sens là des vibrations particulières, faites d’émotions intenses, de sensibilité palpable, de très grande fragilité. La liste exhaustive de ces lieux privilégiés serait trop longue à établir. Bien évidemment, ce sont des espaces intimes que l’on ne visite pas comme des musées.

J’aime profondément les endroits qui sentent l’encre, les ateliers de graveurs ou de lithographes, ceux de l’imprimerie Genoud quand les machines crachent des images de Luc Chessex ou d’un autre ami photographe. Les rassemblements de livres et les galeries – si possible, juste avant les expositions. J’aime pousser la porte et découvrir les clous, les rubans adhésifs, les rouleaux de peinture qui créeront le décor, chez Alice Pauli, Lucy Mackintosh ou chez Marc Ukaj à la galerie de l’Univers.

Si j’élargis la focale, j’aperçois mon ami Pierre-Yves Borgeaud enivré par le montage de son prochain film, un peu plus loin c’est la «chambre noire» de Laurent Cochet, tout occupé à tirer sur papier barrit un noir blanc qui redonne foi dans la photographie.

Au fond d’une cour, j’entends quelques notes de musique, c’est François Allaz dans son studio Jazz ou Francioli et Bourquin qui me convient à un voyage en jardin musical. Plus près résonne le piano de Lindemann. Encore de la musique, toujours de la musique, plus de musique:

Pescia ensorcelle dans le Carnaval de Schumann… Tout cela, juste autour de nous, juste autour de moi. Je n’oublie pas le côté brillant du boulevard qui fascine les foules et que tout le monde nous envie: Vidy, l’Elysée, l’Art Brut, Kléber-Méleau, l’opéra quand Poras fait rêver, l’Espace Eclair quand Jacques Roman lit pour nous….  Deux mille signes avez-vous dit? Mais c’est trois pages minimum qu’il faudrait pour vous dire Lausanne la belle inspiratrice lémanique…