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Martial Leiter @ Espace Schilling, Neuchâtel

« Vertiges »
Martial Leiter

Vernissage le samedi 27 janvier 2018 à 16h
Exposition du 27 janvier au 29 mars 2018

« C’est très tôt que Martial Leiter a été attiré par les clairs-obscurs de l’encre. Tout d’abord au travers de la gravure, puis ensuite au travers du dessin. Pour lui le noir est d’abord la couleur de la concentration, du monde intérieur et de la contemplation. Et c’est surtout grâce au dessin que Martial Leiter découvre les grands maîtres italiens et allemands qui le marqueront. Sa première renommée, Martial Leiter l’obtient grâce au dessin de presse. Collaborateur au Monde, au Monde Diplomatique, à Die Zeit, au Tagesanzeiger, à Die Neue Zürcher Zeitung, Die Weltwoche, Die Wochenzeitung, au Courrier de Genève, au Temps ou encore à 24 Heures, il griffe de sa plume l’actualité et dénonce les horreurs de la guerre, les abus de notre société ainsi que les limites de notre condition humaine.
Son trait structure et organise l’espace, mais également la pensée : le dessinateur détourne les tailles et contre-tailles de la gravure pour les faire dire le monde actuel, emprisonné entre un « dedans » et un « dehors ».
Le dessin, Martial Leiter le choisit également comme médium pour s’attaquer à la guerre. Il lui permet une multitude d’effets et d’usages par la variation du noir et de son intensité. Si le dessin de presse se fait scalpel et fouille en griffant les horreurs de la guerre, le dessin libre lui se fait plus allusif. De son pinceau, il fait éclore des profondeurs intérieures des formes plus libres, au plus près du geste. Par cette technique, Martial Leiter exprime le monde intérieur qu’induit la guerre, cette condition humaine précaire dans laquelle la guerre englue ceux qui y prennent part. Ainsi, dessins de presse et dessins libres sont deux façons différentes d’exprimer un même sentiment de révolte face à la guerre et son incongruité. Il thématise aussi la migration en figurant des silhouettes évanescentes qui semblent chercher le rivage.
Martial Leiter le dit lui-même : « Le pinceau vous projette aussi bien dans le tourment de la guerre que dans la contemplation de la nature. Depuis le début du XXIe siècle, c’est bien cette nature qui l’occupe presque exclusivement. Il l’observe et la traduit sur papier avec une technique inspirée des artistes asiatiques : il s’empare du vide, mais « au sens où l’entendent les peintres extrême-orientaux pour qui le vide n’est pas l’absence, le manque ou le néant, mais un état supérieur de la conscience qui a appris à se délester de tout ce qui n’est pas essentiel » précise l’artiste[1]. Martial Leiter condense l’image et minimise les effets. L’artiste s’attache à capter les bruissements de vie des sommets alpins et surtout de cet Eiger qu’il connaît tant. Les montagnes ne perdent pas leur majestuosité sous le pinceau de Martial Leiter, elles acquièrent au contraire une puissance cosmique qui force le silence et l’admiration.
De la puissance tellurique des montagnes, Martial Leiter a glissé vers la fragilité des insectes et des oiseaux. Il scrute ces volatiles avec une fascination inlassable et les traduit en dessins dans un mélange de de force et de fugacité, entre le matériel et l’immatériel. Avec l’encre de Chine, la plume et le lavis, il donne corps à une grâce ailée et rend palpable les minuscules mouvements de ces mouches, et leur bruit. La peinture chinoise, plus présente que jamais, affleure dans ces formes naturalistes stylisées. Sous ses traits, la vie bruisse et s’envole. »

[1] Propos recueillis par Philippe Garnier dans Un monde sans filet, in : Martial Leiter. Les ombres éblouissantes, Les Cahiers Dessinés, Paris, 2015, p. 47

Espace Nicolas Schilling et Galerie
Faubourg de l’Hôpital 11
2000 Neuchâtel
T. +41 32 721 06 50
W. http://espace-schilling.ch/expositions/martial-leiter-vertiges/

Horaires :
Du mercredi au dimanche, de 14h à 18h