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Artgenève 2019

 

Artgenève est aujourd’hui une étape obligée dans le calendrier des grandes foires d’art, malgré une volonté assumée de conserver un salon à taille humaine avec une sélection de 80 galeries. À Genève on mise sur la qualité plutôt que sur la quantité et les ténors de l’art contemporain remplacent petit à petit les petites galeries des débuts de la foire.
Ceci dit Artgenève conserve sa vocation locale puisque les institutions et les espaces d’art suisses, notamment romands, sont largement représentés. Le Mamco poursuit, pour la troisième année consécutive, sa course à l’acquisition notamment grâce aux fonds alloués par le groupe Mirabaud, le musée des beaux-arts de La Chaux- de-Fonds expose la collection de l’artiste Olivier Mosset donateur généreux de l’institution neuchâteloise, le FCAC, Fonds Cantonal d’Art Contemporain y vernit son catalogue « 101 œuvres. Acquisitions récentes et œuvres phares » et le prix Mobilière dévoile sa sélection de jeunes artistes suisses nominés ainsi que sa lauréate 2019, Maya Rochat.

 

Hans Op De Beeck chez Galleria Continua

 

Solo Show de Frédéric Gabioud présenté par la galerie Joy de Rouvre, Genève

 

Les écoles d’art romandes sont aussi de la partie : l’ECAL présente une exposition monographique de Loucia Carlier. « Dans des formats plus réduits se détachent des bouts de salons désertés par leurs locataires » cite la fiche d’information. L’installation post-apocalyptique est accompagnée du magazine Klima, cofondé par la diplômée en art visuels. La HEAD Genève montre les lauréats de ses NEW HEADS ART AWARDS, Sara Da Silva Santos, Thomas Liu Le Lann et Thomas Baud, pendant que l’ECAV de Sierre, rebaptisée édhéa, expose plus de 70 éditions d’artistes réalisées dans son atelier de sérigraphie.

 

NEW HEADS ART AWARDS

 

La cinquième édition de The Estate Show est consacrée à Chris Burden, dont Gagosian a prêté une œuvre monumentale de 12 mètres de haut.
Plusieurs poids lourds du marché mondialisé de l’art parmi lesquels ShanghArt et les zurichois Eva Presenhuber et Hauser & Wirth ont grossi les rangs des galeries multinationales installées à Artgenève. 
Cette dernière consacre son stand aux artistes femmes, dont Jenny Holzer, Roni Horn, Rita Ackermann et Louise Bourgeois. Il se trouve que la proposition sonne particulièrement juste dans une cuvée 2019 où les œuvres qui se distinguent et sortent d’un lot parfois un peu convenu sont signées par des femmes. Le tissu, la tapisserie et même le crochet sont autant de pistes passionnantes. Si l’appropriation de ces matériaux traditionnellement associé aux travaux féminins comporte une approche genrée qui n’est pas sans rappeler Rosemarie Trockel, les jeunes artistes se servent des textiles de manière décomplexée et décloisonnée.

 

 

Joana Vasconcelos (*1971) chez Gowen Contemporary, Genève

 

Incontournable, la vaudoise Maya Rochat (photo en titre) remporte un Prix Mobilière 2019 doublement doté (30’000 CHF). Si on peut parfois se plaindre d’un jeune art suisse qui se range trop facilement dans des cases ou dans des modes, cela ne s’applique pas à la création de Maya Rochat. Ses éclats de couleurs psychédéliques et saturées s’étendent, à l’image de l’installation visible sur le stand de la mobilière, et contaminent son environnement jusqu’aux habits de l’artiste présente lors du vernissage. Comme une porte ouverte sur un monde parallèle où les émotions seraient plus intenses.

Le prix F.P. Journe est décerné au Solo Show que la galerie genevoise Laurence Bernard consacre à Marion Baruch. Les chutes de tissu découpées font écho à l’exploitation des femmes dans les usines textiles et à l’ultra consumérisme de la mode, mais aussi aux qualités esthétiques et sensuelles du matériau. L’artiste née en 1929 en Roumanie crée à partir des poubelles du prêt à porter.

 

Le prix F.P. Journe est décerné au Solo Show de Marion Baruch

 

Laure Prouvost chez Nathalie Obadia

 

À noter également les travaux colorés entre luxe, art et design de l’artiste portugaise Joana Vasconcelos (*1971) chez Gowen Contemporary, Genève et une tapisserie grand format de Laure Prouvost chez Nathalie Obadia.

Texte et photos: Corine Stübi

 

Artgenève, jusqu’au 3 février 2019. L’événement hors les murs Artgenève/sculptures reste quant à lui visible jusqu’à la fin du mois de février en vieille ville de Genève.

 

Valentin Carron, Ringier Collection.